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pressés, eux, par une nécessité impitoyable, par celle de la faim, — que cette résistance ne peut durer très longtemps et qu’il trouvera enfin les cent ouvriers qu’il cherche et qui seront forcés d’accepter les conditions qu’il trouvera utile pour lui-même de leur imposer. Si ceux-ci les refusent, d’autres viendront qui seront trop heureux de les accepter. C’est ainsi que les choses se passent chaque jour au vu et à la connaissance de tout le monde.

Si même, par suite de circonstances particulières qui influent d’une manière plus constante sur l’état du marché, la branche d’industrie dans laquelle il avait d’abord projeté d’employer son capital ne lui offre pas tous les avantages qu’il en avait espérés, alors il appliquera ce même capital à une autre branche ; le capital bourgeois n’étant lié par sa nature à aucune industrie spéciale, mais fécondant, comme disent les économistes, — exploitant, dirons-nous, — indifféremment toutes les industries possibles. Supposons enfin que, soit incapacité, soit malheur indépendant de son savoir et de sa volonté, il ne parvienne à le placer dans aucune industrie, eh bien, il achètera des actions ou des rentes ; et si les intérêts et les dividendes qu’il percevra lui paraissent insuffisants, il s’engagera dans quelque service, c’est-à-dire qu’il vendra son travail à son tour, mais à des conditions bien autrement lucratives pour lui-même que celles qu’il avait proposées à ses ouvriers.

Le capitaliste vient donc sur le marché en homme, sinon absolument libre, au moins infiniment plus