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la liberté, de l’égalité et de la |89 fraternité humaines, est légitime ? Je me demande simplement : À ces conditions-là, la fraternité et l’égalité, entre les exploitants et les exploités, et la Justice ainsi que la liberté pour les exploités, sont-elles possibles ?

Supposons même, comme le prétendent Messieurs les économistes bourgeois, et avec eux tous les avocats, tous les adorateurs et croyants du droit juridique, tous ces prêtres du code criminel et civil, supposons que ce rapport économique des exploiteurs aux exploités soit parfaitement légitime, qu’il soit la conséquence fatale, le produit d’une loi sociale éternelle et indestructible : toujours reste-t-il vrai que l’exploitation exclut la fraternité et l’égalité.

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Elle exclut l’égalité économique ; cela s’entend de soi-même. Supposons que je sois votre travailleur et vous mon patron. Si je vous offre mon travail au plus bas prix possible, si je consens à vous faire vivre du produit de mon travail, ce n’est certes pas par dévouement, ni par amour fraternel pour vous, — aucun économiste bourgeois n’osera l’affirmer, quelque idylliques et naïfs que soient les raisonnements de ces messieurs lorsqu’ils se mettent à parler des rapports et des sentiments réciproques qui devraient exister entre les patrons et les ouvriers, — non, je le fais parce que, si je ne le faisais pas, moi et ma famille nous mourrions de faim. Je suis donc