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Le système reconnaît la propriété individuelle et héréditaire et la famille comme les bases et les conditions réelles de la liberté, de la dignité et de la moralité des |272 hommes. Il respecte ce droit de propriété en chacun, sans lui poser d’autres limites que le droit égal des autres, ni d’autres restrictions que celles qui sont dictées par les considérations de l’utilité publique, représentée par l’État. La propriété, selon lui, est bien un droit naturel, antérieur à l’État ; mais elle ne devient un droit juridique qu’autant qu’elle est sanctionnée et garantie, comme tel, par l’État. Il est donc juste que l’État, en prêtant au propriétaire l’assistance de tous, lui impose des conditions qui sont commandées par l’intérêt de tous. Mais ces restrictions ou ces conditions doivent être de telle nature que, tout en modifiant, autant que cela devient absolument nécessaire, et pas davantage, le droit naturel du propriétaire, dans ses formes et manifestations différentes, elles ne puissent jamais en affecter le fond. Car l’État est non la négation, mais bien au contraire la consécration et l’organisation juridique de tous les droits naturels, d’où il suit que, s’il les attaquait dans leur essence, dans leur fond, il se détruirait lui-même. (Il garantit toujours ce qu’il trouve : aux uns, leur richesse, aux autres leur pauvreté ; aux uns, la liberté fondée sur la propriété, aux autres l’esclavage, conséquence fatale de leur misère ; et il force les misérables à travailler toujours et à se faire tuer au besoin pour augmenter et pour sauvegarder cette richesse des