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et celles de l’Angleterre au dix-septième siècle. Elle contribua sans doute beaucoup à élargir la puissance de la Révolution, en lui imprimant un caractère international, universel. Mais, en même temps, elle eut pour conséquence d’entraîner le mouvement politique de la Révolution dans les erreurs que la théorie n’avait point su éviter. De même que la négation philosophique s’était fourvoyée en s’attaquant à Dieu et en se proclamant matérialiste et athée, |269 de même la négation politique et sociale, égarée par la même passion destructive, s’attaqua aux bases essentielles et premières de toute société, à l’État, à la famille et à la propriété, osant se proclamer hautement anarchiste et socialiste : voir les hébertistes et Babeuf, et plus tard voir Proudhon et tout le parti des socialistes révolutionnaires. La Révolution se tua de ses propres mains, et, de nouveau, le triomphe de la démocratie déchaînée et désordonnée amena forcément celui de la dictature militaire.

Cette dictature ne put être de longue durée, la société n’étant ni désorganisée, ni morte, comme elle l’avait été à l’époque de l’établissement de l’empire des Césars. Les émotions violentes de 1789 et de 1793 l’avaient seulement fatiguée et momentanément épuisée, non anéantie. Privée de toute initiative sous le despotisme égalitaire et glorieux de Napoléon Ier, la bourgeoisie profita de ce loisir forcé pour se recueillir et pour développer davantage, en esprit, les germes féconds de liberté que le mouvement du siècle précédent avait déposés en son sein. Avertie par