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élus et de ses inspirés : prophètes, prêtres, grands conquérants, hommes politiques, philosophes |258 et poètes, — toute cette histoire nous présente une lutte incessante et fatale entre ces différentes castes, et une série de triomphes obtenus d’abord par l’aristocratie sur la théocratie, et plus tard par la démocratie sur l’aristocratie. Quand la démocratie eut définitivement vaincu, incapable d’organiser l’État, ce but suprême de toute société humaine sur la terre, et surtout d’organiser l’État immense que la conquête des Romains avait fondé sur les ruines de toutes les existences nationales séparées, et qui embrassait presque tout le monde connu des anciens, elle dut céder la place à la dictature militaire, impériale, des Césars. Mais comme la puissance des Césars était fondée sur la destruction de toutes les organisations nationales et partielles de la société antique, et représentait par conséquent la dissolution de l’organisme social et la réduction de l’État à une existence de fait, uniquement appuyée sur une concentration mécanique des forces matérielles, le césarisme s’est vu fatalement condamné par son propre principe à se détruire lui-même ; de manière que lorsque les barbares, les fléaux divins envoyés par le Ciel pour renouveler la terre, sont venus, ils n’ont presque plus rien trouvé à détruire.

L’antiquité nous a légué, dans le monde spirituel : la première conscience de la Divinité et l’élaboration métaphysique de l’idée divine ; un commencement très sérieux de sciences positives ; ses arts