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tude et dans sa perfection absolue, Dieu étant trop sage et trop amoureux de la liberté des hommes pour leur proposer une nourriture qu’ils seraient incapables de digérer, — fort de l’assistance invisible de Dieu, et attirant à lui toutes les âmes de bonne volonté avec une puissance invincible, ce prophète, ce Messie, proclame la volonté divine et fonde une religion et une législation nouvelles.

C’est ainsi que furent établis tous les cultes religieux et tous les États. D’où il résulte que les uns comme les autres, considérés dans ce qu’ils ont d’immuable et en les dégageant de tous les détails qui y ont été apportés par l’imperfection tant intellectuelle que morale des hommes, à différentes époques de leur développement historique, sont des institutions divines et doivent jouir, comme telles, d’une autorité absolue. Voilà l’Église et l’État, avec leur consécration divine, écrasante, formidable.

8) L’Église et l’État ont donc un caractère double : divin et humain à la fois. En tant qu’institutions divines, elles sont immuables, et tout leur développement historique consiste seulement en une manifestation plus complète de leur propre nature divine, ou de la pensée de Dieu qui se trouve réalisée en leur sein, |251 sans que jamais les révélations ou inspirations nouvelles se mettent en contradiction avec les révélations et inspirations antérieures, ce qui constituerait un démenti donné par Dieu à lui-même. Mais comme institutions humaines, l’Église