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issue, alors il intervient. Mais comment ? Non par l’un de ces miracles extérieurs et matériels dont sont peuplées les traditions superstitieuses des peuples et qui sont impossibles parce qu’ils intervertiraient l’ordre et les lois de la nature établis par Dieu même (Oui, l’audace des idéalistes doctrinaires va jusqu’à nier ces miracles ! ), mais par un miracle exclusivement spirituel, intérieur (et qui, au point de vue de la raison, de la logique, du bon sens, n’est pas moins absurde et impossible que les miracles grossiers imaginés par la croyance populaire ; ces derniers ont au moins le mérite d’une poétique naïveté, tandis que les miracles soi-disant intérieurs, avec toutes leurs prétentions au rationalisme, ne sont rien que des sottises savamment, froidement, RAISONNEUSEMENT tirées par les cheveux), par un miracle inaccessible aux sens.

Dieu intervient alors en inspirant de sa divine |250 pensée quelque âme d’élite, moins corrompue, moins fourvoyée et plus intelligente que les autres. Il en fait son prophète, son Messie. Alors, armé de cette pensée qui lui est directement inspirée par Dieu même, — cette inspiration constituant d’ailleurs un de ces miracles psychologiques qui nous sont donnés et que nous devons accepter comme des faits historiquement constatés, mais qu’il nous sera à jamais impossible de comprendre ; et la pensée divine étant toujours mesurée au degré de développement, au caractère et à l’esprit de l’époque, et par conséquent ne se manifestant jamais dans sa pléni-