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teur de l’État, ce dernier étant à son tour devenu l’institution régulière de la puissance exclusive de cette classe. L’État c’est la force, et il a pour lui avant tout le droit de la force, l’argumentation triomphante du fusil à aiguille, du chassepot. Mais l’homme est si singulièrement fait que cette argumentation, tout éloquente qu’elle paraît, ne lui suffit pas à la longue. Pour lui imposer le respect, il lui faut absolument une sanction morale quelconque. Il faut de plus que cette sanction soit tellement évidente et simple qu’elle puisse convaincre les masses, qui, après avoir été réduites par la force de l’État, doivent être amenées maintenant à la reconnaissance morale de son droit.

Il n’y a que deux moyens pour convaincre les masses de la bonté d’une institution sociale quelconque. Le premier, le seul réel, mais aussi le plus difficile, parce qu’il implique l’abolition de l’État, — c’est-à-dire l’abolition de l’exploitation politiquement organisée de la majorité par une minorité quelconque, — ce serait la satisfaction directe et complète de tous les besoins, de toutes les aspirations humaines des masses ; ce qui équivaudrait à la liquidation complète de l’existence tant politique qu’économique de la classe bourgeoise, et, comme je viens de le dire, à l’abolition de l’État. Ce moyen serait sans doute salutaire pour les masses, mais funeste pour les intérêts bourgeois. Donc il ne faut pas en parler.

|244 Parlons alors de l’autre moyen, qui, funeste