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sans doute, avant tout ; mais aussi aristocratie d’intelligence, de bonnes manières et de sentiments délicats. La bourgeoisie commença à se sentir religieuse.

Ce ne fut pas de sa part une simple singerie des mœurs aristocratiques, c’était en même temps une nécessité de position. Le prolétariat lui avait rendu un dernier service, en l’aidant à renverser encore une fois la noblesse. Maintenant, la bourgeoisie n’avait plus besoin de son aide, car elle se sentait solidement assise à l’ombre du trône de Juillet, et l’alliance du peuple, désormais inutile, commençait à lui devenir incommode. Il fallait le remettre à sa place, ce qui ne put naturellement se faire sans provoquer une grande indignation dans les masses. Il devint nécessaire de les contenir. Mais au nom de quoi ? Au nom de l’intérêt bourgeois crûment avoué ? C’eût été par trop cynique. Plus un intérêt est injuste, inhumain, et plus il a besoin de sanction ; et où la prendre, si ce n’est dans la religion, cette bonne protectrice de tous les repus, et cette consolatrice si utile de tous ceux qui ont faim ? Et plus que jamais, la bourgeoisie triomphante sentit que la religion |243 était absolument nécessaire pour le peuple.

Après avoir gagné tous ses litres impérissables de gloire dans l’opposition, tant religieuse et philosophique que politique, dans la protestation et dans la révolution, elle était enfin devenue la classe dominante, et par là même le défenseur et le conserva-