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Aujourd’hui, dans la politique française, le système inauguré par Gambetta est en plein succès : il a triomphé du nôtre et l’a supplanté. Bon ou mauvais, ce système doit irrésistiblement suivre sa marche et porter ses fruits, avant qu’il soit possible de le supprimer. C’est pourquoi je ne me hâte nullement. Je fais une esquisse pathologique de la France actuelle et de l’Europe, qui devra servir d’enseignement aux hommes politiques de l’avenir prochain. Je veux donc que mon œuvre soit complète. Ce ne sera pas une brochure, mais bien un volume. » Bakounine ne fit plus d’envoi de copie à Ogaref, et continua, sans se presser, pendant les derniers jours de novembre et une partie du mois de décembre, cet « exposé d’une question très délicate dans lequel il s’était engagé, et qui, ainsi qu’on l’a déjà vu, était une dissertation philosophique sur l’idée de Dieu, se terminant par un examen critique du système d’Auguste Comte. Mais quand il fut arrivé au feuillet 256 de son manuscrit, il s’aperçut qu’il s’était engagé dans une impasse ; alors, mettant de côté tout ce qu’il venait d’écrire à partir du feuillet 80, il résolut de transformer sa dissertation philosophique en un Appendice qui serait placé à la fin de son œuvre ; puis reprenant son véritable sujet, l’« esquisse pathologique de la France et de l’Europe », il écrivit un nouveau feuillet 81, et, à la suite, une nouvelle série de feuillets. Ce changement de front était déjà opéré avant la fin de décembre ; car son calendrier-journal du mois de janvier 1871 (le calendrier-journal de 1870 — s’il a existé — n’a pas été conservé) nous le montre travaillant à une partie de sa « brochure » qui n’est pas l’Appendice, mais la continuation de considérations historiques sur l’Allemagne et les Al-