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parcelle de son propre être divin, l’âme immortelle.

Comment a-t-elle pu parvenir à loger une chose absolument immatérielle dans une chose absolument matérielle ; comment le corps peut-il contenir, renfermer, limiter, paralyser l’esprit pur ? Voilà encore une de ces questions que la foi seule, cette affirmation passionnée et stupide de l’absurde, peut résoudre. C’est le plus grand des miracles. Ici, nous n’avons |203 pas à faire autre chose qu’à constater les effets, les conséquences pratiques de ce miracle.

Après des milliers de siècles de vains efforts pour revenir à elle-même, la Divinité, perdue et répandue dans la matière qu’elle anime et qu’elle met en mouvement, trouve un point d’appui, une sorte de foyer pour son propre recueillement. C’est l’homme, c’est son âme immortelle emprisonnée singulièrement dans un corps mortel. Mais chaque homme considéré individuellement est infiniment trop restreint, trop petit pour renfermer l’immensité divine ; il ne peut en contenir qu’une très petite parcelle, immortelle comme le Tout, mais infiniment plus petite que le Tout. Il en résulte que l’Être divin, l’Être absolument immatériel, l’Esprit, est divisible comme la matière. Voilà encore un mystère dont il faut laisser la solution à la foi.

Si Dieu tout entier pouvait se loger dans chaque homme, alors chaque homme serait Dieu. Nous aurions une immense quantité de Dieux, chacun se trouvant limité par tous les autres et tout de même