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obstacles. Avertis dès la veille de l’arrivée du prince Obolensky, le préfet, le juge de paix et les gendarmes de Vevey, M. Cérésole en tête, attendirent un beau matin à la gare l’arrivée de l’auguste convoi. Ils avaient poussé la complaisance jusqu’à préparer les voitures nécessaires pour l’enlèvement projeté, et, aussitôt le prince arrivé, on se transporta en masse dans l’habitation de la princesse Obolensky, pauvre femme qui ne se doutait pas seulement de l’orage qui allait fondre sur elle.

Là se passa une scène que nous renonçons à décrire. |8 Les gendarmes vaudois, sans doute jaloux de se distinguer devant un prince russe, repoussèrent à coups de poing la princesse qui voulait dire un dernier adieu à ses enfants ; le prince Obolensky, ravi, se retrouvait en Russie ; M. Cérésole commandait. Les enfants désespérés et malades furent emportés par les gendarmes et jetés dans les voitures qui les emmenèrent.

Telle fut l’affaire de la princesse Obolensky. Quelques mois avant cet événement si désastreux pour l’honneur de notre république, la princesse avait consulté, dit-on, plusieurs jurisconsultes suisses, et tous lui avaient répondu qu’elle n’avait rien à craindre dans ce pays, où la liberté de chacun se trouve garantie par les lois et où nulle autorité ne peut rien entreprendre contre aucune personne soit indigène, soit étrangère, sans un jugement et sans l’autorisation préalable d’un tribunal suisse. Il devrait en être ainsi dans un pays qui s’appelle répu-