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mouvement religieux, ce fut une protestation victorieuse contre le despotisme allemand, contre la civilisation aristocratico-bourgeoise des Allemands ; ce fut la révolte de l’antique commune slave contre l’État allemand. Deux grandes révoltes slaves avaient eu lieu déjà dans le onzième siècle. La première fut dirigée contre la pieuse oppression de ces braves chevaliers teutoniques, ancêtres des lieutenants-hobereaux actuels de la Prusse. Les insurgés slaves avaient brûlé toutes les églises et exterminé tous les prêtres. Ils détestaient le christianisme, et avec beaucoup de raison, parce que le christianisme, c’était le germanisme, dans |125 sa forme la moins avenante : c’était l’aimable chevalier, le vertueux prêtre et l’honnête bourgeois, tous les trois Allemands pur sang, et représentant comme tels l’idée de l’autorité quand même, et la réalité d’une oppression brutale, insolente et cruelle. La seconde insurrection eut lieu, une trentaine d’années plus tard, en Pologne. Ce fut la première et l’unique insurrection des paysans proprement polonais. Elle fut étouffée par le roi Casimir. Voici comment cet événement est jugé par le grand historien polonais Lelewel, dont le patriotisme et même une certaine prédilection pour la classe qu’il appelle la démocratie nobiliaire ne peuvent être mis en doute par personne : « Le parti de Maslaw » (le chef des paysans insurgés de la Mazovie) « était populaire et allié du paganisme ; le parti de Casimir était aristocrate et partisan du christianisme » (c’est-à-dire du ger-