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joyeuse |106 de l’émancipation humaine. Le sol libre de l’Italie se couvre de libres et hardis penseurs. L’Église elle-même y devient païenne. Les papes et les cardinaux, dédaignant saint Paul pour Aristote et Platon, embrassent la philosophie matérialiste d’Épicure, et, oublieux du Jupiter chrétien, ne jurent plus que par Bacchus et Vénus ; ce qui ne les empêche pas de persécuter par moments les libres-penseurs dont la propagande entraînante menace d’anéantir la foi des masses populaires, cette source de leur puissance et de leurs revenus. L’ardent et illustre propagateur de la foi nouvelle, de la foi humaine, Pic de la Mirandole, mort si jeune, attire surtout contre lui les foudres du Vatican.

En France et en Angleterre, temps d’arrêt. Dans la première moitié de ce siècle, c’est une guerre odieuse, stupide, fomentée par l’ambition des rois et soutenue bêtement par la nation anglaise, une guerre qui fit reculer d’un siècle l’Angleterre et la France. Comme les Prussiens, aujourd’hui, les Anglais du quinzième siècle avaient voulu détruire, soumettre la France. Ils s’étaient même emparés de Paris, ce que les Allemands, malgré toute leur bonne volonté, n’ont pas encore réussi à faire jusqu’ici[1], et avaient brûlé Jeanne d’Arc à Rouen, comme les Allemands pendent aujourd’hui les francs-tireurs. Ils furent enfin chassés de Paris et de France, comme, espérons-le toujours, les Allemands finiront bien par l’être aussi.

  1. Ces pages ont été écrites entre le 11 et le 16 février 1871. — J. G.