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intense. « Tu n’es rien que Russe, écrivait-il le 11 août à Ogaref, tandis que moi je suis international. » À ses yeux, l’écrasement de la France par l’Allemagne féodale et militaire, c’était le triomphe de la contre-révolution ; et cet écrasement ne pouvait être évité qu’en appelant le peuple français à se lever en masse, à la fois pour repousser l’envahisseur étranger et pour se débarrasser des tyrans intérieurs qui le tenaient dans la servitude économique et politique. Il écrit à ses amis socialistes de Lyon :

« Le mouvement patriotique de 1792 n’est rien en comparaison de celui que vous devez faire maintenant, si vous voulez sauver la France… Donc, levez-vous, amis, au chant de la Marseillaise, qui redevient aujourd’hui le chant légitime de la France, tout palpitant d’actualité, le chant de la liberté, le chant du peuple, le chant de l’humanité, — car la cause de la France est redevenue enfin celle de l’humanité. En faisant du patriotisme, nous sauverons la liberté universelle… Ah ! si j’étais jeune, je n’écrirais pas de lettres, je serais parmi vous ! »

Un correspondant du Volksstaat (le journal de Liebknecht) avait écrit que les ouvriers parisiens étaient « indifférents à la guerre actuelle ». Bakounine s’indigne qu’on puisse leur prêter une apathie qui serait criminelle ; il écrit pour leur démontrer qu’ils ne peuvent se désintéresser de l’invasion al-