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moins, au moyen âge. Par la manière dont elles se sont émancipées et surtout par les conséquences politiques, intellectuelles et sociales qu’elles ont su tirer de leur émancipation, |113 on peut juger de leur esprit, de leurs tendances naturelles et de leurs tempéraments nationaux respectifs.

Ainsi, vers la fin du onzième siècle déjà, nous voyons l’Italie en plein développement de ses libertés municipales, de son commerce et de ses arts naissants. Les villes d’Italie savent profiter de la lutte mémorable des empereurs et des papes, qui commence, pour conquérir leur indépendance. Dans ce même siècle, la France et l’Angleterre se trouvent déjà en pleine philosophie scolastique, et comme conséquence de ce premier réveil de la pensée dans la foi et de cette première révolte implicite de la raison contre la foi, nous voyons, dans le Midi de la France, la naissance de l’hérésie vaudoise. En Allemagne, rien. Elle travaille, elle prie, elle chante, bâtit ses temples, sublime expression de sa foi robuste et naïve, et obéit sans murmures à ses prêtres, à ses nobles, à ses princes et à son empereur qui la brutalisent et la pillent sans pitié ni vergogne.

|99 Au douzième siècle se forme la grande Ligue des villes indépendantes et libres de l’Italie, contre l’empereur et contre le pape. Avec la liberté politique commence naturellement la révolte de l’intelligence. Nous voyons le grand Arnaud de Brescia brûlé à Rome pour hérésie en 1155. En France, on brûle