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aux vœux exprimés par le roi de Prusse et par l’empereur d’Autriche, et d’avoir étonné l’Europe et la France, en se montrant, lui, empereur de Russie, plus humain et plus libéral que les deux grands potentats de l’Allemagne ?

|100 Peut-être les Allemands ne peuvent-ils pardonner à la Russie l’odieux partage de la Pologne ? Hélas ! ils n’en ont pas le droit, car ils ont pris leur bonne part du gâteau. Certes, ce partage fut un crime. Mais parmi les brigands couronnés qui l’accomplirent, il y en eut un russe et deux allemands : l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et le grand roi Frédéric II de Prusse. Je pourrais même dire que tous les trois furent allemands, car l’impératrice Catherine II, de lascive mémoire, n’était autre chose qu’une princesse allemande pur sang. Frédéric II, on le sait, avait bon appétit. N’avait-il pas proposé à sa bonne commère de Russie de partager également la Suède, où régnait son neveu ? L’initiative du partage de la Pologne lui appartint de plein droit. Le royaume de Prusse y a gagné d’ailleurs beaucoup plus que les deux autres co-partageants, car il ne s’est constitué comme une véritable puissance que par la conquête de la Silésie et par ce partage de la Pologne.

Enfin, les Allemands en veulent-ils à l’Empire de Russie pour la compression violente, barbare, sanguinaire de deux révolutions polonaises, en 1830 et en 1863 ? Mais derechef ils n’en ont aucun droit : car en 1830 comme en 1863 la Prusse a été le complice le plus intime du cabinet de Saint-Péters-