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l’occasion de le prouver dans mes discours et dans mes brochures, et comme je l’établirai de nouveau dans le cours de cet écrit. Mais les ouvriers allemands pourront objecter qu’ils ne tiennent pas compte des paroles, que leur jugement est basé sur des faits, et que tous les faits russes qui se sont manifestés au dehors, ont été des faits anti-humains, cruels, barbares, despotiques. À cela les révolutionnaires russes n’auront rien à répondre. Ils devront reconnaître que jusqu’à un certain point, les ouvriers allemands ont raison ; chaque peuple étant plus ou moins solidaire et responsable des actes commis par son État, en son nom et par son bras, jusqu’à ce qu’il ait renversé et détruit cet État. Mais si cela est vrai pour la Russie, cela doit être également vrai pour l’Allemagne.

Certes l’Empire russe représente et réalise un système barbare, anti-humain, odieux, détestable, infâme. Donnez-lui tous les adjectifs que vous voudrez, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai. Partisan du peuple russe et non patriote de l’État ou de l’Empire de toutes les Russies, je défie qui que ce soit de haïr ce dernier plus que moi. Seulement, comme il faut être juste avant tout, je prie les patriotes allemands de vouloir bien observer et reconnaître qu’à part quelques |98 hypocrisies de forme, leur royaume de Prusse et leur vieil empire d’Autriche d’avant 1866 n’ont pas été beaucoup plus libéraux ni beaucoup plus humains que l’Empire de toutes les Russies, et que l’Empire prusso-germanique ou knouto-germanique, que le patriotisme allemand élève aujourd’hui