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main à Bakounine, et celui-ci, devant tous, brûla la déclaration du jury, dont il alluma sa cigarette.

Après le Congrès de Bâle, Bakounine quitta Genève et se retira à Locarno (Tessin) : cette résolution lui avait été dictée par des motifs d’ordre strictement privé, dont l’un était la nécessité de se fixer dans un endroit où la vie fût à bon marché, et où il pût se livrer en toute tranquillité aux travaux de traduction qu’il comptait faire pour un éditeur de Pétersbourg (il s’agissait, en premier lieu, d’une traduction du premier volume du Kapital de Marx, paru en 1867). Mais le départ de Bakounine de Genève laissa malheureusement le champ libre aux intrigants politiques, qui, s’associant aux manœuvres d’un émigré russe, Nicolas Outine, trop connu par le triste rôle qu’il a joué dans l’Internationale pour que nous ayons à le caractériser ici, réussirent en quelques mois à désorganiser l’Internationale genevoise, à y prendre la haute main et à s’emparer de la rédaction de l’Égalité. Marx, que ses rancunes et ses mesquines jalousies contre Bakounine aveuglaient complètement, ne rougit pas de s’abaisser à contracter alliance avec Outine et la clique des politiciens pseudo-socialistes de Genève, les hommes du « Temple-Unique[1] », en même temps que, par une « Communication confiden-

  1. C’était le nom du local où se réunissait alors l’Internationale genevoise, ancien temple maçonnique.