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administratif et judiciaire, sans oublier la police, tous les propriétaires notoirement dévoués à l’empire, tout ce qui constitue en un mot la bande bonapartiste.

Cette arrestation en masse était-elle possible ? Rien n’était plus facile. Le gouvernement de la Défense nationale et ses délégués dans les provinces n’avaient qu’à faire un signe, tout en recommandant aux populations de ne maltraiter personne, et on pouvait être certain qu’en peu de jours, sans beaucoup de violence et sans aucune effusion de sang, l’immense majorité des bonapartistes, surtout tous les hommes riches, influents et notables de ce parti, sur toute la surface de la France, auraient été arrêtés et emprisonnés. Les populations des départements n’en avaient-elles pas arrêté beaucoup de leur propre mouvement dans la première moitié de septembre, et, remarquez-le bien, sans faire de mal à aucun, de la manière la plus polie et la plus humaine du monde ?

La cruauté et la brutalité ne sont plus dans les mœurs du peuple français, surtout ils ne sont plus dans les mœurs du prolétariat des villes de la France. S’il en reste quelques vestiges, il faut les chercher en partie chez les paysans, mais surtout dans la classe aussi stupide que nombreuse des boutiquiers. Ah ! ceux-là sont vraiment féroces   ! Ils l’ont prouvé en Juin 1848[1], et bien des faits prouvent

  1. Voici en quels termes M. Louis Blanc décrit le lendemain de la victoire remportée en Juin par les gardes nationales |76 bourgeoises sur les ouvriers de Paris :