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Qu’y a-t-il de plus éloquent que ces faits ! Et n’a-t-on pas eu mille fois raison de dire et de répéter que la réaction bourgeoise de Juin, cruelle, sanglante, horrible, cynique, éhontée, a été la vraie mère du coup d’État de Décembre. Le principe était le même, la cruauté impériale n’a été que l’imitation de la cruauté bourgeoise, n’ayant renchéri seulement que sur le nombre des victimes déportées et tuées. Quant aux tués, ce n’est pas même encore certain, car le massacre de Juin, les exécutions sommaires faites par les gardes nationales bourgeoises sur les ouvriers désarmés, sans aucun jugement préalable, et non pas le jour même, mais le lendemain de la victoire, ont été horribles. Quant au nombre des déportés, la différence est notable. Les républicains bourgeois avaient arrêté quinze mille et transporté quatre mille trois cent quarante-huit ouvriers. Les brigands de Décembre |68 ont arrêté à leur tour près de vingt-six mille citoyens et transporté à peu près la moitié, treize mille citoyens à peu près. Évidemment de 1848 à 1851, il y a eu progrès, mais seulement dans la quantité, non dans la qualité. Quant à la qualité, c’est-à-dire au principe, on doit reconnaître que les brigands de Napoléon III ont été beaucoup plus excusables que les républicains bourgeois de 1848. Ils étaient des brigands, des sicaires d’un despote ; donc en assassinant des républicains dévoués, ils faisaient leur métier ; et on peut même dire qu’en déportant la moitié de leurs prisonniers, en ne les assassinant pas tous à la fois, ils avaient fait en quel-