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seurs nationaux, ils la livrent infailliblement aux Prussiens. Et non contents d’arrêter les hommes franchement révolutionnaires, pour le seul crime d’avoir osé dénoncer leur incapacité, leur impuissance et leur mauvaise foi, et d’avoir montré les seuls moyens de salut pour la France, ils se permettent encore de leur jeter à la face ce sale nom de Prussiens ! Ah ! que Proudhon avait raison lorsqu’il disait (permettez-moi de vous citer tout ce passage, il est trop beau et trop vrai pour qu’on puisse en retrancher un seul mot) :

« Hélas ! on n’est jamais trahi que par les siens. En 1848 comme en 1793, la Révolution eut pour enrayeurs ceux-là |62 même qui la représentaient. Notre républicanisme n’est toujours, comme le vieux jacobinisme, qu’une humeur bourgeoise, sans principe et sans plan, qui veut et ne veut pas ; qui toujours gronde, soupçonne et n’en est pas moins dupe ; qui ne voit partout, hors de la coterie, que des factieux et des anarchistes ; qui, furetant les archives de la police, ne sait y découvrir que les faiblesses, vraies ou supposées, des patriotes ; qui interdit le culte de Châtel et fait chanter des messes par l’archevêque de Paris ; qui, sur toutes les questions, esquive le mot propre, de peur de se compromettre, se réserve sur tout, ne décide jamais rien, se méfie des raisons claires et des positions nettes. N’est-ce pas là, encore une fois, Robespierre, le parleur sans initiative, trouvant à Danton trop de virilité, blâmant les hardiesses généreuses dont il se sent inca-