Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que par la seule énergie du propriétaire, chacun voudra s’emparer du bien d’autrui, les plus forts pilleront les plus faibles.

« Il est certain que, d’abord, les choses ne se passeront pas d’une manière absolument pacifique ; il y aura des luttes ; l’ordre public, cette arche sainte des bourgeois, sera troublé, et les premiers faits qui résulteront d’un état de choses pareil pourront constituer ce qu’on est convenu |45 d’appeler une guerre civile. Mais aimez-vous mieux livrer la France aux Prussiens ?…

|52 « D’ailleurs, ne craignez pas que les paysans s’entredévorent ; s’ils voulaient même essayer de le faire dans le commencement, ils ne tarderaient pas à se convaincre de l’impossibilité matérielle de persister dans cette voie, et alors on peut être certain qu’ils tâcheront de s’entendre, de transiger et de s’organiser entre eux. Le besoin de manger et de nourrir leurs familles, et par conséquent la nécessité de continuer les travaux de la campagne, la nécessité de garantir leurs maisons, leurs familles et leur propre vie contre des attaques imprévues, tout cela les forcera indubitablement à entrer bientôt dans la voie des arrangements mutuels.

Et ne croyez pas non plus que dans ces arrangements amenés en dehors de toute tutelle officielle, par la seule force des choses, les plus forts, les plus riches exercent une influence prédominante. La richesse des riches, n’étant plus garantie par les institutions juridiques, cessera d’être une puissance.