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dit, on n’extirpe rien avec les décrets. Au contraire, les décrets et tous les actes de l’autorité consolident ce qu’ils veulent détruire.

« Au lieu de vouloir prendre aux paysans les terres qu’ils possèdent aujourd’hui, laissez-les suivre leur instinct naturel, et savez-vous ce qui arrivera alors ? |51 Le paysan veut avoir à lui toute la terre ; il regarde le grand seigneur et le riche bourgeois, dont les vastes domaines, cultivés par des bras salariés, amoindrissent son champ, comme des étrangers et des usurpateurs. La révolution de 1789 a donné aux paysans les terres de l’Église ; ils voudront profiter d’une autre révolution pour gagner celles de la noblesse et de la bourgeoisie.

« Mais si cela arrivait, si les paysans mettaient la main sur toute la portion du sol qui ne leur appartient pas encore, n’aurait-on pas laissé renforcer par là d’une manière fâcheuse le principe de la propriété individuelle, et les paysans ne se trouveraient-ils pas plus que jamais hostiles aux ouvriers socialistes des villes ?

« Pas du tout, car, une fois l’État aboli, la consécration juridique et politique, la garantie de la propriété par l’État, leur manquera. La propriété ne sera plus un droit, elle sera réduite à l’état d’un simple fait.

« Alors ce sera la guerre civile, direz-vous. La propriété individuelle n’étant plus garantie par aucune autorité supérieure, politique, administrative, judiciaire et policière, et n’étant plus défendue