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lution aux campagnes, mais de l’y provoquer et de l’y susciter. Une révolution imposée, soit par des décrets officiels, soit à main armée, n’est plus la révolution, mais le contraire de la révo |36 lution, car elle provoque nécessairement la réaction. En même temps, les corps-francs doivent se présenter aux campagnes comme une force respectable et capable de se faire respecter ; non sans doute pour les violenter, mais pour leur ôter l’envie d’en rire et de les maltraiter, avant même de les avoir écoutés, ce qui pourrait bien arriver à des propagateurs individuels et non accompagnés d’une force respectable. Les paysans sont quelque peu grossiers, et les natures grossières se laissent facilement entraîner par le prestige et par les manifestations de la force, sauf à se révolter contre elle plus tard, |41 si cette force leur impose des conditions trop contraires à leurs instincts et à leurs intérêts.

Voilà ce dont les corps-francs doivent bien se garder. Ils ne doivent rien imposer et tout susciter. Ce qu’ils peuvent et ce qu’ils doivent naturellement faire, c’est d’écarter, dès l’abord, tout ce qui pourrait entraver le succès de la propagande. Ainsi ils doivent commencer par casser, sans coup férir, toute l’administration communale, nécessairement infectée de bonapartisme, sinon de légitimisme ou d’orléanisme ; attaquer, expulser et, au besoin, arrêter MM. les fonctionnaires communaux, aussi bien que tous les gros propriétaires réactionnaires, et M. le curé avec eux, pour aucune autre cause que