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pouvoir est nul, et fidèle à son malheureux système de centralisation politique, dans une situation où cette centralisation est devenue absolument impossible, voudra choisir et nommer lui-même tous les apôtres, ou bien il chargera de ce soin ses nouveaux préfets et commissaires extraordinaires, tous ou presque tous appartenant à la même religion politique que lui, c’est-à-dire tous ou presque tous étant des républicains bourgeois, des avocats ou des rédacteurs de |26 journaux, des adorateurs soit platoniques, — et ce sont les meilleurs, mais non les plus sensés, — soit très intéressés, d’une république dont ils ont pris l’idée non dans la vie, mais dans les livres, et qui promet aux uns la gloire avec la palme du martyre, aux autres des carrières brillantes et des places lucratives ; d’ailleurs très modérés, des républicains conservateurs, |29 rationnels et positivistes, comme M. Gambetta, et, comme tels, ennemis acharnés de la révolution et du socialisme, et adorateurs quand même du pouvoir de l’État.

Ces honorables fonctionnaires de la nouvelle république ne voudront naturellement envoyer comme missionnaires, dans les campagnes, que des hommes de leur propre trempe et qui partageront absolument leurs convictions politiques. Il en faudrait, pour toute la France, au moins quelques milliers. Où diable les prendront-ils ? Les républicains bourgeois sont aujourd’hui si rares, même parmi la jeunesse ! Si rares que, dans une ville comme Lyon, par exemple, on n’en trouve pas assez