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d’hui sa propagande impérialiste |24 dans les campagnes ; c’est ainsi que tous ces fauteurs de la franche réaction, profitant de l’ignorance crasse du paysan de la France, cherchent à le soulever contre la république, en faveur des Prussiens. Et ils n’y réussissent que trop bien, hélas ! Car ne voyons nous pas des communes, non seulement ouvrir leurs portes aux Prussiens, mais encore dénoncer et chasser les corps-francs qui viennent pour les délivrer ?

Les paysans de France auraient-ils cessé d’être Français ? Pas du tout. Je pense même que nulle part le patriotisme, pris dans le sens le plus étroit et le plus exclusif de ce mot, ne s’est conservé aussi puissant et aussi sincère que parmi eux ; car ils ont plus que toutes les autres parties de la population cet attachement au sol, ce culte de la terre, qui constitue la base essentielle du patriotisme. Comment se fait-il donc qu’ils ne veulent pas ou qu’ils hésitent encore à se lever pour défendre cette terre contre les Prussiens ? Ah ! c’est parce qu’ils ont été trompés et qu’on continue encore à les tromper. Par une propagande machiavélique, commencée en 1848 par les légitimistes et par les orléanistes, de concert avec républicains modérés, comme M. Jules Favre et Cie, puis continuée, avec beaucoup de succès, par la presse et par l’administration bonapartistes, on est parvenu à les persuader que les ouvriers socialistes, les partageux, ne songent à rien de moins qu’à confisquer leurs terres ; que l’em |23 pereur seul a voulu et pu les défendre contre cette spoliation, et que, pour s’en