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le pouvoir révolutionnaire. Je dirai tout à l’heure quel misérable usage lui et ses collègues ont fait, pendant les quatre semaines qui se sont écoulées depuis le 4 septembre, de ce pouvoir qui leur a été confié par le peuple de Paris pour qu’ils provoquassent dans toute la France une révolution salutaire, et dont ils ne se sont servis jusqu’à présent au contraire que pour la paralyser partout.

Sous ce rapport, M. Gambetta et tous ses collègues du gouvernement de la Défense nationale n’ont été que la trop juste expression des sentiments et de la pensée dominante de la bourgeoisie. Réunissez tous les bourgeois de France, et demandez-leur ce qu’ils préfèrent : de la délivrance de leur patrie par une révolution sociale, — et il ne peut y avoir |17 d’autre révolution aujourd’hui que la révolution sociale, — ou bien de son asservissement sous le joug des Prussiens ? S’ils osent être sincères, pour peu qu’ils se trouvent dans une position qui leur permette de dire leur pensée sans danger, les neuf dixièmes, que dis-je, les quatre-vingt-dix-neuf centièmes, ou même les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millièmes, vous répondront, sans hésiter, qu’ils préfèrent l’asservissement à la révolution. Demandez-leur encore, en supposant que le sacrifice d’une partie considérable de leurs propriétés, de leurs biens, de leur fortune mobilière et immobilière, devienne nécessaire pour le salut de la France, s’ils se sentent disposés à faire ce sacrifice ? et si, pour me servir de la figure de rhétorique de M. Jules Favre, ils sont réellement décidés à se