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au point que dans un moment où |14 l’intérêt, le salut de la France exige évidemment que tout le peuple soit armé, elle n’a pas voulu lui donner des armes. Le peuple l’ayant menacée de les prendre par force, elle dut céder. Mais après lui avoir livré les fusils, elle fit tous les efforts possibles pour qu’on ne lui donnât pas de munitions. Elle dut céder encore une fois ; et maintenant que voilà le peuple armé, il n’en est devenu que plus dangereux et plus détestable aux yeux de la bourgeoisie.

Par haine et par crainte du peuple, la bourgeoisie n’a point voulu et ne veut pas de la république. Ne l’oublions Jamais, cher ami, à Marseille, à Lyon, à Paris, dans toutes les grandes cités de France, ce n’est point la bourgeoisie, c’est le peuple, ce sont les ouvriers qui ont proclamé la république. À Paris, ce ne furent pas même les peu fervents républicains irréconciliables du Corps législatif, aujourd’hui presque tous membres du gouvernement de la Défense nationale, ce furent les ouvriers de la Villette et de Belleville qui la proclamèrent contre le désir et l’intention clairement exprimée de ces singuliers républicains de la veille. Le spectre rouge, le drapeau du socialisme révolutionnaire, le crime commis par Messieurs les bourgeois en Juin, leur ont fait passer le goût de la république. N’oublions pas qu’au 4 septembre, les ouvriers de Belleville ayant rencontré M. Gambetta et l’ayant salué par le cri de « Vive la République », il leur répondit par ces mots : « Vive la France ! vous dis-je ».