Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/345

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Enfin n’en parlons plus. Ma conscience me dit que j’ai rempli mon devoir jusqu’au bout. Mes amis de Lyon le savent aussi, et je dédaigne le reste. Maintenant, cher ami, je passe à une question toute personnelle…[1] Il ne me reste qu’à t’embrasser et à faire des vœux avec toi pour cette pauvre France, abandonnée par son peuple lui-même. »

À Marseille, Bakounine espérait trouver les éléments d’une autre tentative révolutionnaire ; il croyait même qu’un nouveau mouvement serait possible à Lyon. Le 8 octobre, il écrivait à un jeune ami, Emilio Bellerio : « Ce n’est que partie remise. Les amis, devenus plus prudents, plus pratiques, travaillent activement à Lyon comme à Marseille, et nous aurons bientôt notre revanche à la barbe des Prussiens… Tout ce que je vois ici ne fait que me confirmer dans l’opinion que j’avais de la bourgeoisie : ils sont bêtes et canailles à un degré qui dépasse l’imagination. Le peuple ne demande qu’à mourir en combattant les Prussiens à outrance. Eux, au contraire, ils désirent, ils appellent les Prussiens, dans le fond de leur cœur, dans l’espoir que les Prussiens vont les délivrer du patriotisme du peuple… Au sujet de tous ces événements je termine une brochure très détaillée, que je vous enverrai bientôt. Vous a-t-on envoyé de Genève, comme je l’ai bien recommandé, ma brochure sous ce titre : Lettres à un Français ? »

À quelques jours de là, il dépêchait Lankiewicz à Lyon, porteur d’une lettre à ses amis lyonnais, dans laquelle il disait :

« Chers amis, Marseille ne se soulèvera que lorsque

  1. Ici, dans un passage que Testut n’a pas donné, Bakounine parle de son arrestation momentanée, la veille, et de sa bourse que les amis de l’ordre lui ont volée.