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non par la seule exagération à l’extrême de la puissance de l’État, mais encore et surtout par l’enthousiasme révolutionnaire des populations de la France. Que l’État créé par 1789 et encore tout jeune, et il faut ajouter, tout enthousiaste et tout révolutionnaire lui-même, en 1792 et en 1795 était alors capable de créer des prodiges, mais que depuis il a bien vieilli et s’est bien corrompu. Revu et corrigé et usé jusqu’au bout par Napoléon Ier, réconforté et quelque peu ennobli par la restauration, embourgeoisé plus tard par le régime de Juillet, et enfin encanaillé tout à fait par Napoléon III, l’État est devenu maintenant le plus grand ennemi de la France, le plus grand obstacle à sa résurrection et à sa délivrance. Pour sauver la France, vous devez le renverser, le détruire. — Mais une fois l’État, la société officielle renversée et démolie avec toutes les institutions politiques, policières, administratives, juridiques, financières, c’est la société naturelle, c’est le peuple qui reprend ses droits naturels et qui se lève.[1] — C’est le salut de la France et la création d’une France nouvelle par l’union des campagnes et des villes dans la révolution sociale.

L’unique et la meilleure chose qu’un gouvernement |81 élu par la population de Paris pourra faire, pour le salut de la France, ce sera :

1o De rester à Paris et de s’occuper exclusivement de la défense de Paris ;

2o De faire une proclamation à la France tout entière, par laquelle au nom de Paris, il déclarera abolies toutes les institutions et toutes les lois de l’État, et ne recommandera aux populations de la France qu’une seule loi, celle du salut de la France, de chacun, de tout le monde,

  1. La fin du manuscrit, à partir d’ici (ligne 30 de la p. 80) jusqu’au bas de la p. 81, n’a pas été utilisée. — J. G.