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trente-cinq ans qui ne se présenteront pas, seront livrés aux Conseils de guerre. La garde nationale sera soumise également à la loi militaire, aussi bien que les propriétaires qui témoigneront une peur quelconque pour leurs maisons. Les ouvriers en cas de besoin sont disposés à renouveler les barricades de Juin. »

Et voici une autre correspondance de Paris dans la Gazette de Francfort :

« Depuis le dernier concierge jusqu’au premier loup-cervier de la Bourse, tous sont unanimes sur ce point que l’Empire est désormais devenu impossible, et qu’il n’y a de salut à attendre que de la république. Mais le despotisme qui a duré vingt ans a détruit à un tel point, dans le peuple français, toute initiative et toute habitude d’action collective, que du moment que la machine gouvernementale a cessé de fonctionner, tous se regardent ébahis comme des enfants qui auraient perdu leurs parents. Malgré cette conviction unanime qu’il n’y a plus |69 rien à attendre du gouvernement impérial, Paris n’a pas pu se décider à un pas décisif. On a été paralysé jusqu’ici par la crainte que des troubles intérieurs n’empêchent et n’affaiblissent la défense extérieure. La majorité de la Chambre sent qu’elle a perdu toute autorité morale et qu’il lui revient une grande part des fautes qui ont causé le malheur public. La minorité est composée d’avocats. Elle est excellente pour faire de l’opposition parlementaire, mais absolument incapable d’initiative révolutionnaire. Quant à la masse ouvrière, elle se tient à part et boude. — Un démocrate, appartenant à l’une des premières familles d’une ville frontière » (Strasbourg sans doute ?) « est venu dernièrement à Paris avec une lettre d’un officier supérieur, suppliant la gauche de proclamer la République au plus vite. « L’armée », écrivait-il,