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rorisme officiel, régulier et légal, ni d’employer des moyens coercitifs contre les paysans, qu’il est impossible d’instituer l’État révolutionnaire, un Comité de salut public central pour toute la France dans un moment où l’invasion étrangère n’est pas seulement à la frontière comme en 1792, mais au cœur de la France, à deux pas de Paris. Ils voient toute l’organisation officielle crouler, ils désespèrent avec raison de pouvoir en créer une autre, et ne comprenant pas de salut, eux révolutionnaires, en dehors de l’ordre public, ne comprenant pas, eux hommes du peuple, la puissance et la vie qu’il y a dans ce que la gent officielle de toutes les couleurs, depuis la fleur de lis jusqu’au rouge foncé, appelle l’anarchie, ils se croisent les bras et se disent : Nous sommes perdus, la France est perdue.

Eh non ! mes chers amis, elle n’est point perdue, si vous ne voulez pas vous perdre vous-mêmes, si vous êtes des hommes, si vous avez du tempérament, de la vraie passion dans vos cœurs, — si vous voulez la sauver.[1] Vous ne pouvez plus la sauver par l’ordre public, par la puissance de l’État. Tout cela, grâce aux Prussiens, je le dis en bon socialiste, n’est que ruine à présent. Vous ne pouvez pas même la sauver par l’exagération révolutionnaire du pouvoir public, comme l’ont fait les Jacobins en 1793. Eh bien, sauvez-la par l’anarchie. Déchaînez cette anarchie populaire dans les campagnes aussi bien que dans les villes, grossissez-la au point qu’elle roule comme une avalanche furieuse, dévorant, détruisant tout : ennemis |52 et Prussiens. C’est un

  1. La fin de cet alinéa et l’alinéa suivant du manuscrit de Bakounine ont été omis dans la brochure et remplacés par un court passage rédigé par moi. (Voir p. 104, l. 2, de cette réimpression.) — J. G.