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héroïque ; les Hongrois, révoltés contre l’Autriche et dirigés par Kossuth, proclamaient la déchéance de la maison de Habsbourg. Sur ces entrefaites éclata à Dresde (3 mai 1849) un soulèvement populaire, provoqué par le refus du roi de Saxe d’accepter la constitution de l’Empire allemand qu’avait votée le Parlement de Francfort ; le roi s’enfuit le 4, un gouvernement provisoire fut installé (Heubner, Tzschirner et Todt), et les insurgés restèrent maîtres de la ville pendant cinq jours. Bakounine, qui avait quitté Leipzig pour Dresde au milieu d’avril, devint un des chefs des révoltés, et contribua à faire prendre les mesures les plus énergiques pour la défense des barricades contre les troupes prussiennes (le commandant militaire fut d’abord le lieutenant-colonel Heinze, puis, à partir du 8 mai, le jeune typographe Stephan Born, qui avait organisé l’année précédente la première association générale des ouvriers allemands, l’Arbeiter-Verbrüderung). La stature gigantesque de Bakounine et sa qualité de révolutionnaire russe attirèrent particulièrement l’attention sur lui ; une légende se forma aussitôt autour de sa personne : c’est à lui seul qu’on attribua les incendies allumés pour la défense ; il avait été, écrivit-on, « l’âme véritable de toute la révolution » ; il « exerçait un terrorisme qui répandait l’épouvante » ; il avait conseillé, pour empêcher les