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vera bien, dans la classe bourgeoise, et notamment dans le parti radical, un nombre assez considérable de jeunes gens, poussés par le désespoir du patriotisme, qui se rallieront au mouvement socialiste des ouvriers ; mais ils n’en prendront jamais, ni ne peuvent en prendre l’initiative. Leur éducation, leurs préjugés, leurs idées s’y opposent. D’ailleurs ils ont perdu l’élément, le tempérament Dantonesque — ils n’osent plus oser. Ce tempérament n’existe plus dans aucune catégorie de la classe bourgeoise. Existe-t-il dans le monde ouvrier ? — Toute la question est là.

Eh bien, oui, je pense qu’il y existe, en dépit du doctrinarisme et de la rhétorique socialistes, qui se sont considérablement développés, |38 pendant ces dernières années, dans les masses ouvrières, peut-être non sans une certaine influence de l’Internationale elle-même.

Je pense qu’à cette heure en France, et probablement aussi dans tous les autres pays, il n’existe plus que deux classes capables d’un tel mouvement : les ouvriers et les paysans. Ne vous étonnez pas que je parle des paysans. Les paysans même français ne pèchent que par ignorance, non par manque de tempérament. N’ayant pas abusé ni même usé de la vie, n’ayant pas été usés par l’action délétère de la civilisation bourgeoise, qui n’a pu que les effleurer à peine à la surface, ils ont conservé tout le tempérament énergique, toute la nature du peuple. La propriété, l’amour et la jouissance non des plaisirs mais du gain, les a rendus considérablement

    dans la brochure, pour intercaler un long passage relatif à une lettre de Gambetta au Progrès de Lyon, emprunté aux pages 54-57 du manuscrit (voir de la p. 88, l. 7, à la p. 90, l. 9, de cette réimpression) ; après quoi j’ai repris à la ligne 26 de cette page 37 du manuscrit (voir p. 90, l. 17, de cette réimpression). — J. G.