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— les orléanistes seront plus habiles et plus canailles, les républicains plus vertueux et plus bêtes.

Ces réformes personnelles, inévitables, démoraliseront nécessairement encore plus l’administration actuelle. Il y aura des tiraillements sans fin et une guerre civile sourde en son sein, ce qui la rendra encore cent fois plus incapable d’action qu’elle ne l’est aujourd’hui, — de sorte que le gouvernement de Gambetta aura à son service une machine administrative qui ne vaudra pas même celle qui exécute tant bien que mal les ordres du ministère Bonapartiste actuel.

Pour obvier à ce mal, Gambetta enverra sans doute dans tous les départements des Proconsuls, des commissaires extraordinaires munis de pleins pouvoirs. Ce sera le comble de la désorganisation. D’abord, parce que, vu la position de Gambetta et son alliance forcée avec Thiers et Trochu, vu les vertus et l’intelligence patriotiques des Picard, |15 des Pelletan, Jules Simon, Favre et autres, on peut être certain, que sur 3 commissaires républicains, il y en aura 7 orléanistes. Mais supposons même la proportion inverse, supposons qu’il y aura 7 républicains sur 3 orléanistes, les choses n’en iront pas mieux.

Elles n’en iront pas mieux pour cette raison qu’il ne suffit pas d’être muni de pouvoirs extraordinaires pour prendre des mesures extraordinaires de salut public, pour avoir la puissance de créer des forces nouvelles, pour pouvoir provoquer dans une administration corrompue et dans les populations systématiquement déshabituées de toute initiative, une énergie et une activité salutaires. Pour cela il faut avoir encore en soi-même ce que la bourgeoisie de 1792-93 avait à un si haut degré et ce qui manque absolument à la bourgeoisie actuelle, même aux républicains de nos jours — il faut avoir