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tion du 25 août ordonne l’expulsion de Paris de tous les individus qui ne pourront prouver qu’ils ont des moyens d’existence, non parce qu’il serait difficile sinon impossible de les nourrir pendant la durée du siège, ce qui serait un motif très plausible, mais « parce que leur présence constituerait un danger pour l’ordre public et pour la sûreté des propriétés et les personnes ». Elle menace également d’expulsion « toutes les personnes qui par leurs menées tenteraient à (sic) paralyser les mesures de défense et de sûreté générale ». — La première partie de cette proclamation n’a rapport, dira-t-on, qu’aux voleurs, quoiqu’elle puisse très bien s’étendre à tous les ouvriers que leurs patrons seront ou bien forcés par la crise ou bien trouveront tout simplement utile d’expulser de leurs ateliers. Quant à la seconde partie, elle s’adresse directement aux révolutionnaires socialistes. — C’est une mesure dictatoriale et de salut public contre la révolution.

Voici donc la première raison pourquoi Gambetta n’entreprendra [pas] la réforme radicale de l’administration actuelle. Avec des compagnons comme Thiers, Trochu, Picard, Pelletan, Favre et Jules Simon, on ne peut faire que de la réaction, pas de révolution. Mais il y a encore une autre raison qui l’empêchera de détruire d’un seul coup l’administration impériale. Il est impossible de détruire d’un seul coup cette administration, parce qu’il est impossible de la remplacer sur-le-champ par une autre. — Il y aurait donc, au milieu même d’un terrible danger, un moment de plus ou moins longue durée pendant lequel il n’y aurait en France aucune administration et par conséquent nulle trace de gouvernement, — pendant lequel les populations de la France, abandonnées complètement à elles-mêmes, seraient en