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laire, de la révolution sociale. Et cette crainte est si puissante qu’elle la rend sciemment traître à la patrie. Elle est assez intelligente pour comprendre, et assez bien informée pour savoir que ce régime et cette administration sont incapables de sauver la France, qu’ils n’en ont ni la volonté, ni l’intelligence, ni le pouvoir, et malgré cela elle les maintient parce qu’elle redoute |4 encore plus l’invasion de la civilisation bourgeoise par la barbarie populaire, que celle de la France par les Prussiens.

Tout de même, la bourgeoisie, toute la bourgeoisie française se montre à cette heure sincèrement patriote. Elle déteste cordialement les Prussiens, et elle est disposée à faire de grands sacrifices, en soldats pris en très grande partie dans le peuple, et en argent dont le paiement retombera nécessairement tôt ou tard aussi sur le peuple, pour expulser l’envahisseur insolent et menaçant du territoire français. Seulement, elle veut absolument que tous les produits de ces sacrifices populaires et bourgeois soient concentrés exclusivement entre les mains de l’État, et qu’autant que possible tous les volontaires armés soient transformés en soldats de l’armée régulière. Elle entend que toute initiative individuelle d’une organisation extraordinaire soit financière, soit administrative, soit hygiénique, soit militaire quelconque, ne soit soufferte et permise qu’à condition qu’elle se soumette à la surveillance immédiate de l’État, et que les corps francs, par exemple, ne puissent s’organiser et s’armer que par l’intermédiaire et sous la

    mais trop tard, d’initier la politique jacobine. Rien de plus amusant que de voir l’effroi causé par Gambetta à tous les journaux réactionnaires de France, et d’Italie aussi. (Note de Bakounine.)