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on, une activité énergique, admirable et infatigable pour l’organisation des moyens de défense. Soit. Mais est-ce que les Prussiens, de leur côté, ne s’organisent pas aussi, avec une activité et une énergie surprenantes ?

Car pour les Prussiens, il ne faut pas s’y tromper, aussi bien que pour les Français, l’issue triomphante ou désastreuse de cette guerre est une question de vie et de mort. En parlant des Prussiens, j’entends naturellement la monarchie, le roi et Bismarck, son premier ministre, avec toute cette masse de généraux, de lieutenants et de pauvres soldats qui sont à leur suite. Il est certain que la monarchie prussienne joue son va-tout. Elle a mis en jeu ses dernières ressources en argent et en hommes, les dernières ressources de l’Allemagne.

Si les armées allemandes allaient être battues, pas un seul de ces centaines de milliers de soldats qui ont mis le pied sur le territoire de la France ne retournerait vivant en Allemagne. Donc elles doivent vaincre et triompher jusqu’au bout pour se sauver. Elles ne peuvent pas même retourner après des victoires stériles, sans apporter avec elles de grandes compensations matérielles pour les pertes immenses qu’elles ont faites et qu’elles ont fait faire à l’Allemagne. Si le roi de Prusse retournait en Allemagne les mains vides, avec la seule gloire, il ne régnerait pas un jour, car l’Allemagne lui demanderait compte de ses milliers et dizaines de milliers d’enfants tués, estropiés, et des sommes immenses dépensées à cette guerre ruineuse et stérile. Il ne faut pas s’y tromper, la passion nationale des Allemands est montée à son plus haut diapason, il faut la satisfaire, ou bien tomber. Il n’y aurait |16 qu’un moyen de la détourner, ce serait la révolution sociale ; mais c’est un moyen dont fort probablement le roi de Prusse