membres de la famille impériale (il paraît que Plon-Plon s’est exprimé dans ce sens à Florence) ; et ce généreux pays n’a pas encore dit sa parole, il n’a rien édifié sur les ruines qui se sont faites ; il pose toutes ses espérances sur tel ou tel individu, non sur lui-même ; et en attendant il s’assujettit à un gouvernement qui l’administre au nom de l’empereur, qui le trompe et le perd au nom de l’empereur ! Avec la meilleure volonté du monde, nous ne pouvons exprimer aucune sympathie, aucune confiance dans ce pays ! »
Voilà à quels résultats aboutit le patriotisme et l’esprit politique de Gambetta et compagnie. Je les accuse du crime de haute trahison contre la France, à l’extérieur aussi bien qu’à l’intérieur ; et, si les Bonapartistes méritent d’être pendus une fois, tous ces jacobins devraient l’être deux fois.
Ils trahissent évidemment la France à l’extérieur, parce que par leur abnégation patriotique, ils l’ont privée d’un soutien moral immense, — seulement moral dans les commencements, mais très matériel un peu plus tard. S’ils avaient eu le courage de proclamer la république à Paris, les dispositions de tous les peuples : italien, espagnol, belge, anglais et même allemand se seraient immédiatement changées en faveur de la France. Tous, sans excepter les Allemands, la masse des ouvriers allemands[1], auraient pris parti pour elle contre l’invasion prussienne. Et c’est quelque chose que cet
- ↑ Au commencement même de cette guerre, dans tous les journaux socialistes allemands, dans tous les meetings populaires tenus en Allemagne, on avait unanimement acclamé cette pensée, « que si les Français renversaient Napoléon et sur les ruines de l’empire établissaient l’État populaire (Volksstaat), toute la nation allemande serait pour eux ». (Note de Bakounine.)