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À une puissance formidable et magnifiquement organisée, ils n’ont rien à opposer qu’une armée à moitié détruite, et une machine administrative abêtie, abrutie, corrompue, ne fonctionnant plus qu’à demi, et incapable de créer en peu de jours une force qu’elle n’a point été capable de produire en vingt ans. Ils ne sauraient donc entreprendre ni faire rien de sérieux, s’ils n’étaient soutenus par la confiance publique et secourus par le dévouement populaire.

g) Ils se voient forcés de faire un appel à ce dévouement. Ils ont proclamé le rétablissement de la garde nationale dans tout le pays, l’incorporation des gardes mobiles dans l’armée et l’armement de toute la nation. Si tout cela était sincère, on aurait ordonné la distribution immédiate des armes au peuple sur toute la surface de la France. Mais ce serait l’abdication de l’État, la révolution sociale par le fait, sinon par l’idée, — et ils n’en veulent point.

h) Ils en veulent si peu, que, s’ils avaient à choisir entre l’entrée triomphante des Prussiens à Paris et le salut de la France par la révolution sociale, il n’y a pas de doute que tous, sans excepter Gambetta et Comp., auraient opté pour la première. Pour eux, la révolution sociale, c’est la mort de toute civilisation, la fin du monde et par conséquent de la France aussi. Et mieux, vaut, penseront-ils, mieux vaut une France déshonorée, amoindrie, soumise momentanément sous la volonté insolente des Prussiens, mais avec l’espoir certain de se relever, qu’une France tuée |3 à tout jamais, comme État, par la révolution sociale.

i) Comme hommes politiques, ils se sont dont posé le problème suivant : Faire appel à l’armement populaire sans armer le peuple, mais profiter de l’enthousiasme