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vince, il ne s’adressait jamais aux gros bonnets de la contrée, ni aux révolutionnaires bien gantés ; il s’adressait directement aux sans-culottes, à la canaille populaire, et c’est sur elle qu’il s’appuyait pour exécuter, contre les gros bonnets et les révolutionnaires comme il faut, les décrets de la Convention. Ce qu’ils faisaient n’était donc pas à proprement parler de la centralisation ni de l’administration, mais de la provocation. Ils ne venaient pas dans un pays pour lui imposer dictatorialement la volonté de la Convention nationale. Ils ne firent cela que dans de très rares occasions, et lorsqu’ils venaient dans une contrée décidément et unanimement hostile et réactionnaire. Alors ils arrivaient accompagnés de troupes qui ajoutaient l’argument de la baïonnette à leur éloquence civique. Mais ordinairement ils venaient seuls, sans un soldat pour les appuyer, ne cherchant leur force que dans les masses, dont les instincts étaient toujours conformes aux pensées de la Convention. Loin de restreindre la liberté des mouvements populaires, par crainte d’anarchie, ils les provoquaient de toutes les manières. La première chose qu’ils avaient l’habitude de faire, c’était de former un club populaire, là où ils n’en trouvaient pas d’existants. Révolutionnaires pour tout de bon, ils reconnaissaient bientôt dans la masse les vrais révolutionnaires, et s’alliaient avec eux pour souffler la révolution, l’anarchie, et pour organiser révolutionnairement cette anarchie populaire. Cette organisation révolutionnaire était la seule administration