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difié plus ou moins à l’usage des socialistes. Maintenant, cette théorie de la révolution a fait banqueroute, sa base principale, l’État, la puissance de l’État, ayant croulé. Dans les circonstances actuelles, l’application de la méthode terroristique, tant affectionnée des Jacobins, est évidemment devenue impossible. Et les ouvriers de France, qui n’en connaissent pas d’autre, sont déroutés. Ils se disent avec beaucoup de raison qu’il est impossible de faire du terrorisme officiel, régulier et légal, ni d’employer des moyens coercitifs contre les paysans, qu’il est impossible d’instituer un État révolutionnaire, un Comité de salut public central pour toute la France, dans un moment où l’invasion étrangère n’est pas seulement à la frontière comme en 1792, mais au cœur de la France, à deux pas de Paris. Ils voient toute l’organisation officielle crouler, ils désespèrent avec raison de pouvoir en créer une autre, et ne comprennent pas de salut, ces révolutionnaires, en dehors de l’ordre public, ne comprennent pas, ces hommes du peuple, la puissance et la vie qu’il y a dans ce que la gent officielle de toutes les couleurs, depuis la fleur de lys jusqu’au rouge foncé, appelle l’anarchie ; ils se croisent les bras et se disent : Nous sommes perdus, la France est perdue.

[1] Eh non, mes amis, elle n’est pas perdue, si

  1. J’avais remplacé par ce court alinéa, rédigé par moi, tout le développement contenu dans les deux alinéas correspondants du manuscrit de Bakounine, de la page 51, ligne 21, à la page 52, ligne 21. Voir à l’Appendice, pages 233 (l. 16)-234 (l. 22). — J. G.