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le bâton de Bismarck et de tous ses lieutenants poméraniens ; abandonner au despotisme militaire du futur empereur d’Allemagne l’Alsace et la Lorraine, qui ne veulent pas être allemandes ; payer trois milliards d’indemnités, sans compter les milliards que vous aura coûtés cette guerre désastreuse ; accepter de la main de Bismarck un gouvernement, un ordre public écrasant et ruineux, avec la dynastie des Orléans ou des Bourbons, revenant encore une fois en France à la suite des armées étrangères ; se voir pour une dizaine ou une vingtaine d’années réduite à l’état misérable de l’Italie actuelle, opprimée et comprimée par un vice-roi qui administrera la France sous la férule de la Prusse, comme l’Italie a été jusqu’ici administrée sous la férule de la France ; accepter, comme une conséquence nécessaire, la ruine du commerce et de l’industrie nationale, sacrifiés au commerce et à l’industrie de l’Allemagne ; voir enfin s’accomplir la déchéance intellectuelle et morale de toute la nation ;

Ou bien, pour éviter cette ruine, cet anéantissement, donner au peuple français les moyens de se sauver lui-même.

Eh bien, mon ami, je ne doute pas que tous les hommes titrés et bien rentés de la France, à très peu d’exceptions près, que l’immense majorité de la haute et de la moyenne bourgeoisie ne consentent à ce lâche abandon de la France, plutôt que d’accepter son salut par le soulèvement populaire. En effet,