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le peuple souverain. Ils viennent à lui chapeau bas, et ne semblent avoir d’autre volonté |25 que la sienne. Mais ce n’est qu’un mauvais quart d’heure à passer. Une fois les élections terminées, chacun revient à ses occupations quotidiennes : le peuple à son travail, et la bourgeoisie à ses affaires lucratives et à ses intrigues politiques. Ils ne se rencontrent, ils ne se connaissent presque plus. Comment le peuple, écrasé par son travail et ignorant de la plupart des questions qui s’agitent, contrôlera-t-il les actes politiques de ses élus ? Et n’est-il pas évident que le contrôle exercé par les électeurs sur leurs représentants n’est qu’une pure fiction ? Mais comme le contrôle populaire, dans le système représentatif, est l’unique garantie de la liberté populaire, il est évident que cette liberté aussi n’est rien qu’une fiction.

Pour obvier à cet inconvénient, les démocrates radicaux du canton de Zurich ont fait triompher un nouveau système politique, celui du referendum, ou de la législation directe par le peuple. Mais le referendum lui-même n’est qu’un moyen palliatif, une nouvelle illusion, un mensonge. Pour voter avec pleine connaissance de cause et avec une entière liberté les lois qu’on lui propose ou qu’on le pousse à proposer lui-même, il faudrait que le peuple eût le temps et l’instruction nécessaires pour les étudier, pour les mûrir, pour les discuter ; il devrait se transformer en un immense parlement en pleins champs. Ce n’est que rarement possible et seulement dans les grandes occasions, alors que la loi proposée excite