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illusion : l’initiative du nouveau développement n’appartiendra pas à elle, mais au peuple ; à l’occident — aux ouvriers des fabriques et des villes ; chez nous, en Russie, en Pologne, et dans la majorité des pays slaves : — aux paysans. La petite bourgeoisie est devenue trop peureuse, trop timide, trop sceptique pour prendre d’elle-même une initiative quelconque ; elle se laissera bien entraîner, mais elle n’entraînera personne ; car en même temps qu’elle est pauvre d’idées, la foi et la passion lui manquent. Cette passion qui brise les obstacles et qui crée des mondes nouveaux se trouve exclusivement dans le peuple. Donc au peuple appartiendra, sans contestation aucune, l’initiative du mouvement nouveau. Et nous ferions abstraction du peuple ! et nous ne parlerions pas du socialisme qui est la nouvelle religion du peuple !

Mais le socialisme, dit-on, se montre enclin à conclure une alliance avec le césarisme. D’abord c’est une calomnie, c’est au contraire le césarisme qui voyant poindre à l’horizon la puissance menaçante du socialisme, en recherche les sympathies pour les exploiter à sa façon. Mais n’est-ce pas une raison de plus, pour nous, de nous en occuper, afin de pouvoir empêcher cette alliance monstrueuse, dont la conclusion serait sans doute le plus grand malheur qui puisse menacer la liberté du monde ?

Nous devons nous en occuper en dehors même de