Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bourgeois tranquilles, industrieux, faisant quelquefois le mal, plutôt par nécessité que par volonté et par goût, et qui ne demanderaient pas mieux que de se voir délivrés de cette fatale nécessité, qui les met en hostilité permanente avec les populations ouvrières, et qui les ruine en même temps. Il faut bien le dire, la petite bourgeoisie, le petit commerce et la petite industrie commencent à souffrir aujourd’hui presque autant que les classes ouvrières et si les choses marchent du même pas, cette majorité bourgeoise respectable pourrait bien, par sa position économique, se confondre bientôt avec le prolétariat. Le grand commerce, la grande industrie et surtout la grande et malhonnête spéculation l’écrasent, la dévorent et la poussent dans l’abîme. La situation de la petite bourgeoisie devient donc de plus en plus révolutionnaire, et ses idées trop longtemps réactionnaires, s’éclaircissant aujourd’hui grâce à de terribles leçons, devront nécessairement prendre une direction opposée. Les plus intelligents commencent à comprendre qu’il ne reste d’autre salut, pour l’honnête bourgeoisie, que dans l’alliance avec le peuple — et que la question sociale l’intéresse aussi bien et de la même manière que le peuple.

Ce changement progressif dans l’opinion de la petite bourgeoisie en Europe est un fait aussi consolant qu’incontestable. Mais nous ne devons pas nous faire