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eussent été nécessaires pour qu’il pût édifier, sur les ruines du système bourgeois, un système nouveau : celui de la justice populaire. Les ouvriers qui combattaient en juin pour l’émancipation du peuple, étaient unis d’instinct, non d’idées — et les idées confuses qu’ils avaient, formaient une tour de Babel, un chaos, dont il ne pouvait sortir rien. Telle fut la principale cause de leur défaite. Faut-il pour cela douter de l’avenir et de la force présente du socialisme ? Le christianisme qui s’était donné pour objet la fondation du règne de la justice dans le ciel, a eu besoin de plusieurs siècles pour triompher en Europe. Faut-il s’étonner après cela que le socialisme qui s’est posé un problème bien autrement difficile, celui du règne de la justice sur la terre, n’ait pas triomphé en quelques années ?

Est-il besoin, messieurs, de prouver que le socialisme n’est pas mort ? Pour s’en assurer, il n’y a qu’à jeter les yeux sur ce qui se passe aujourd’hui dans toute l’Europe. Derrière tous les cancans diplomatiques et tous ces bruits de guerre qui remplissent l’Europe depuis 1852, quelle question sérieuse s’est posée dans tous les pays, qui ne soit pas la question sociale ? C’est la grande inconnue dont tout le monde sent l’approche, qui fait trembler chacun et dont personne n’ose parler… Mais elle parle pour elle-même et toujours plus haut ; les associations coopératives