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partie de lui-même, et ses devoirs envers la société étant indissolublement liés à ses droits, pour rester fidèle aux unes et aux autres, il saura vivre selon la justice, comme Proudhon, et au besoin mourir comme Babeuf ; mais il ne dira jamais que la vie de l’humanité doive être un sacrifice, ni que la mort soit le sort le plus doux. La liberté pour le républicain politique n’est qu’un vain mot : c’est la liberté d"être esclave volontaire, la victime dévouée de l’État ; toujours prêt à lui sacrifier la sienne, il lui sacrifiera volontiers celle des autres. Le républicanisme politique aboutit donc nécessairement au despotisme. La liberté unie au bien-être et produisant l’humanité de tous par l’humanité de chacun, est pour le républicain socialiste tout, tandis que l’État n’est à ses yeux qu’un instrument, un serviteur de son bien-être et de la liberté de chacun. Le socialiste se distingue du bourgeois par la justice, ne réclamant pour lui-même que le fruit réel de son propre travail ; et il se distingue du républicain exclusif par son franc et humain égoïsme, vivant ouvertement et sans phrases pour lui-même, et sachant qu’en le faisant selon la justice, il sert la société tout entière, et qu’en la servant, il fait ses propres affaires. Le républicain est rigide, et souvent par patriotisme — comme le prêtre par religion — cruel. Le socialiste est naturel, modérément patriote, mais, par contre, toujours très humain. — En un mot, entre le