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l’acte d’indépendance des États républicains, démocrates par excellence[1] et fédéralistes jusqu’à vouloir la scission. Et pourtant ils se sont dernièrement attiré la réprobation de tous les partisans de la liberté et de l’humanité dans le monde, et ont manqué, par la guerre inique et sacrilège qu’ils ont fomentée contre les États républicains du Nord, de renverser et de détruire la plus belle organisation politique qui ait jamais existé dans l’histoire. Quelle peut être la cause d’un fait si étrange ? Était-ce une cause politique ? Non, elle était toute sociale. L’organisation politique intérieure des États du Sud a été même, sous plusieurs rapports, plus parfaite, plus complètement libre que celle des États du Nord. Seulement, dans cette organisation magnifique, il s’est trouvé un point noir comme dans les républiques de l’antiquité ; la liberté des citoyens a été fondée sur le travail forcé des esclaves. — Ce point noir suffit pour renverser toute l’existence politique de ces États.

Citoyens et esclaves, — tel a été l’antagonisme dans le monde antique, comme dans les États à esclaves du nouveau monde. — Citoyens et esclaves, c’est-à-dire, travailleurs forcés, esclaves, non de droit mais de fait — tel est l’antagonisme du monde moderne.

  1. On sait qu’en Amérique ce sont les partisans des intérêts du Sud contre le Nord, c’est-à-dire de l’esclavage contre l’émancipation des esclaves, qui s’appellent exclusivement démocrates.